Les envahisseurs…
Les envahisseurs grimpent, rampent, s’étalent et colonisent à la vitesse d’un film catastrophe. Certaines de ces plantes sont jolies comme tout, d’autres franchement moches et envahissantes… Une étude Kantar menée en 2024 pour VALHOR et FranceAgriMer révèle que plus d’un Français sur deux ignore complètement ce qu’est une plante exotique envahissante.
Des envahisseurs venus d’ailleurs
Ce ne sont pas des extraterrestres, juste des plantes globe-trotteuses ! Introduites pour leurs qualités décoratives, leur résistance ou leur originalité, certaines se sont si bien adaptées qu’elles ont pris leurs aises. La renouée du Japon, par exemple, détruit les berges et soulève les routes. La jussie étouffe les mares. Le buddleia, qu’on adore pour ses papillons, s’invite dans les friches et les voies ferrées.
Ces espèces ne sont pas « méchantes » en soi. Elles profitent simplement d’un milieu favorable et d’un manque de concurrence. Le problème, c’est que leur vigueur écrase la biodiversité locale et complique la vie des gestionnaires d’espaces naturels. À l’échelle européenne, le coût des invasions végétales dépasse 12,5 milliards d’euros par an. De quoi faire réfléchir avant de ramener une bouture « souvenir » dans sa valise.
Une étude qui met les pieds dans le pot
Menée en 2024, l’étude Kantar pour VALHOR et FranceAgriMer a interrogé 4 600 Français pour connaître leur niveau d’information. Résultat : 52 % n’ont jamais entendu parler de ces plantes envahissantes, et seuls 11 % savent vraiment de quoi il s’agit. En clair, la majorité des jardiniers n’ont pas l’info.
Plus étonnant, les personnes informées sont aussi celles qui achètent le plus de végétaux ! Ce sont des jardiniers qui, en général, choisissent des plantes adaptées. Comme quoi, connaître les risques ne tue pas la passion, bien au contraire. L’étude souligne aussi une certaine lucidité ! 67 % des Français savent qu’il ne faut pas rapporter de plantes de voyage, et 60 % qu’il ne faut pas jeter ses déchets verts en forêt. Il y a donc une vraie sensibilisation, mais un besoin énorme d’explications simples.

Entre interdiction et bon sens
Le terme « espèce exotique envahissante » fait un peu peur. En réalité, sur 1 000 plantes introduites, une seule devient problématique. Autant dire que la majorité des plantes exotiques se comportent très bien au jardin ! Les professionnels distinguent donc les espèces vraiment à risque. Elles sont regroupées sur une « liste de consensus » où leur culture, leur vente et leur utilisation sont interdites, et d’autres plantes simplement surveillées.
Pour les jardiniers amateurs, la clé, c’est le bon sens. Éviter de planter une espèce réputée invasive, se renseigner avant d’acheter, et ne pas multiplier à tout-va sans contrôle. Et si un végétal commence à se répandre un peu trop, mieux vaut intervenir tôt. On arrache les envahisseurs ! Ils doivent être compostés à chaud, et en plus, faut surveiller les repousses. Rien de dramatique, juste un peu de vigilance.
Les pros en première ligne
La filière horticole française n’a pas attendu les directives européennes pour s’emparer du sujet. Dès 2015, VALHOR a lancé un Code de conduite professionnel, rédigé avec Astredhor et validé par toutes les familles de la filière. Les acteurs sont les producteurs, les paysagistes, les fleuristes, les distributeurs… Ce code, entièrement volontaire, engage les professionnels à ne plus produire ni vendre certaines plantes, à privilégier des variétés non envahissantes et à informer clairement leurs clients.
L’idée n’est pas de dresser une liste noire, mais de responsabiliser la profession. C’est aussi une manière de valoriser ceux qui s’engagent pour une horticulture durable. Les entreprises signataires sont d’ailleurs recensées sur le site codeplantesenvahissantes.fr, preuve que la filière avance collectivement. On peut donc acheter sereinement, sans craindre de faire entrer de futurs envahisseurs au jardin.
De belles alternatives à découvrir
Bonne nouvelle, il existe toujours une plante de substitution. Le buddleia ? Remplacez-le par un arbre à papillons de type stérile ou un lilas des Indes. Les jacinthes d’eau ? Optez pour une pontédérie ou une iris pseudacorus. Et plutôt que d’installer une herbe de la pampa dont on connait les problèmes, choisissez plutôt des bambous non traçants ou des miscanthus nettement plus adaptés. Ces choix ne sont pas seulement écologiques, ils sont aussi plus durables. Vous aurez moins d’entretien, moins de risques d’envahissement et plus de cohérence avec le climat local. Les jardiniers avertis le savent, le meilleur allié du jardin, c’est la diversité. Plus il y a d’espèces différentes, plus l’équilibre se crée naturellement. Et ça, c’est du temps gagné sur la tondeuse !

Surveillez les envahisseurs … Et jardinez tranquille
Préserver la biodiversité ne veut pas dire se priver de beauté. Au contraire, c’est retrouver le plaisir d’un jardin vivant, où les plantes locales s’accordent avec quelques exotiques sages. On peut continuer à rêver d’ailleurs, à condition de le faire sans déranger nos voisines naturelles.
Alors, la prochaine fois qu’une étiquette vante une plante « qui pousse partout », prenez-la comme un avertissement ! Faites confiance aux pépiniéristes et à vos conseillers et demandez leurs avis… Continuez d’ajouter plus de couleurs, et surtout plus de plantes qui vous garantiront longtemps un coin de nature à respirer ! Et si le jardin retrouve un peu d’équilibre, l’environnement aussi.



Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !