Chaumont sur Loire

Les haies

Le blog des pros

Les haies semblent progressivement disparaître du paysage. La faute à la mécanisation de l’agriculture. Mais depuis quelques années, il est de bon ton de revenir en arrière… Allons-nous développer à nouveau un rayon « plantes de haie » comme dans le temps avec les thuyas ? Nous n’y sommes pas encore !

Les haies

L’histoire des haies agricoles remonte à plusieurs siècles, et ces éléments du paysage rural ont joué un rôle important dans la gestion du territoire et dans la préservation de la biodiversité.

Au Moyen Âge déjà, les haies étaient souvent plantées pour délimiter les champs et protéger les cultures des animaux sauvages. Elles servaient également de clôture pour le bétail. À cette époque, les haies étaient principalement constituées d’espèces locales.

Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, le développement de l’agriculture a conduit à la multiplication des parcelles cultivées. Les haies étaient utilisées pour diviser ces parcelles et protéger les cultures du vent.

Au XIXe siècle, la révolution industrielle a entraîné des changements importants dans l’agriculture. L’utilisation de gros engins dans les champs a conduit à l’arrachage de nombreuses haies pour faciliter le passage des équipements.

Au début du XXe siècle, les politiques de l’époque encouragent l’arrachage pour augmenter la taille des parcelles et accroître la productivité. Le remembrement commencé dans les années 1950 a renforcé cet arrachage souvent indirectement financé par les collectivités.

On imagine les conséquences sur la biodiversité, le paysage et la qualité de l’eau…

Côté jardin

On remonte à la Renaissance, dans les années 1500, c’est là où les haies ont légèrement quitté leur côté fonctionnel pour devenir décoratives ou occultantes.

Vous connaissez la suite… Au siècle dernier, avec l’industrialisation galopante, nos grands-parents se sont rapprochés des villes pour venir y travailler. Ils ont construit aux alentours, et pour être tranquilles, se sont cachés du voisin avec principalement… Des thuyas. Pour ceux qui ont connu les jardineries à leur début, le rayon « thuyas » régulait le chiffre d’affaires de l’automne…

Mais cette technique d’occultation imposait des tailles régulières, et en plus, le Thuya plicata ‘Atrovirens’ a fini par choper des maladies. Ça faisait tache dans la haie… Bienvenue aux panneaux d’occultation !

Avec un consommateur qui ne veut plus s’embarrasser avec les travaux de jardinage, la haie n’a que très peu d’avenir…

Seulement voilà, depuis peu, nous avons enfin pris conscience de quelques enjeux écologiques. La haie est bénéfique pour tout un tas de raisons et redevient, progressivement, un élément important du décor.

Avantages…

Depuis les années 1950, et ce fameux « remembrement » qui consistait à regrouper les terres pour faciliter l’expansion de l’agriculture, les haies ont quitté la campagne. 70% d’entre elles ont disparu depuis cette période. En cumul, nous arrivons à 1,4 millions de kilomètres brûlés ou arrachés pour « la bonne cause ».

Malgré une incitation financière organisée par les collectivités pour replanter, le déclin se poursuit avec 1,5% de moins chaque année !

Et pourtant, la haie abrite tout un tas de petites bestioles qui favorisent la biodiversité.

Les haies sont aussi bénéfiques pour l’eau et la protection des cours d’eau. On passe sur le stockage de carbone et les nombreux avantages écologiques de ces alignements.

Côté collectivité, on encourage de plus en plus les agriculteurs et les particuliers à replanter des haies. En fonction des régions, c’est plus de 50% du financement qui est pris en charge.

La priorité est donnée aux essences « locales » et le thuya ou le Photonia ne sont pas vraiment les bienvenus dans ces programmes de financement.

Prise de conscience

Dans tous les cas, la prise de conscience est importante auprès du grand public.

Le 26 avril 2023, le rapport du CGAAER sur les haies recommande l’établissement d’une charte pour accompagner les actions de création et de protection des haies. Elles sont même considérées comme un « levier de la planification écologique« . Les temps changent…

Avec cette communication accrue et cette sensibilisation importante, nul doute que nos clients seront un peu plus avertis sur le sujet.

Ils sont en droit d’attendre des réponses de la part des acteurs du végétal. La haie prend doucement des allures de « cause nationale », et nul doute que nos points de vente auront à cœur de valoriser cette nouvelle tendance.

Seul bémol, l’offre devra s‘étoffer par rapport à ce que nous proposons habituellement. Les lauriers, buis et autres conifères seront accompagnés d’essences plus locales comme les cornus, les noisetiers et les cornouillers… Un prix adapté à la quantité nous obligera peut-être aussi à proposer des végétaux un peu plus petits, en racines nues ?

Et le conseil ou les fiches techniques permettront aux consommateurs jardin de s’y retrouver un peu plus facilement.

Le rayon haie pourrait bien se relancer dans les années à venir… Vous y croyez, vous ?

Roland Motte… Jardinier !

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