Saison pluvieuse

Le blog des pros

« Mariage pluvieux, mariage heureux » … A la rigueur, mais « saison pluvieuse, saison heureuse », ça ne marche pas ! Dans le marché du végétal, le dicton serait plutôt « saison pluvieuse, trésorerie douteuse » ! Ça coince pas mal dans le fond des serres !!!

Saison pluvieuse

Et c’est rien de le dire… Si l’on se fie au site de Météo France, ce printemps 2024 est l’un des 4 les plus pourris depuis que les relevés existent en 1958.

En plus de la pluie, nous avons perdu 20% d’ensoleillement par rapport à la normale.

Pour les précipitations, c’est le record de ces 15 dernières années avec 45% de plus que les moyennes saisonnières.

On est donc dans la performance maximale. Et lorsqu’on sait que le consommateur jardin est très météo dépendant, forcément, ça coince aux entournures…

Un jardinier pro, le vieux de la vieille, à priori, il s’en fout, il plantera ses patates un peu plus tard. Mais comme la grande majorité des jardiniers est néophyte, elle jardine par plaisir… Le plaisir est difficilement compatible avec la pluie, le froid et le vent… Surtout au printemps.

Et pour les jardiniers les plus persévérants qui ont quand même planté de petites fleurs ici ou là, les limaces se sont chargées de tout boulotter ! La poisse !

Côté point de vente…

Là, c’est la soupe à la limace… Ou à la grimace, plutôt ! Les quelques jardineries que nous avons interrogées dans le cadre de notre prochain Guide des Consommateurs Jardin sont unanimes : « la saison n’a jamais démarré… Et la voilà terminée ».

Le temps a un prix. On le sait dans le jardin, et depuis l’avènement des jardineries dans les années 1980, on cherche à diversifier l’activité pour ne pas être trop météo-dépendant. A grand renfort de rayons de noël, de déco, de barbecue, de produits du terroir, de fruits et légumes… Nous avons essayé de sortir la tête du jardin, quitte à perdre un peu la cible de départ ! Mais quand même, avec un temps pareil, et avec en prime des menaces de guerre venant de la Russie, des portes monnaies moins remplis que d’habitude, la pilule est amère. Même dans les grandes enseignes, on fait attention à la marche… Certaines jardineries n’ont pas attendu la fin du printemps pour fermer définitivement leurs portes. Et côté trésorerie, les négociations sont en cours pour repousser un peu les délais. Bref, ça grince un peu côté monnaie ! Il y a des exceptions, certes, mais…

Chelsea

A côté de ce constat mitigé, Jardins Jardin a fêté ses 20 ans en grande pompe ! A Chantilly, la journée des plantes en mai a accueilli 20 000 visiteurs. C’est encore loin des 160 000 du Chelsea Flower Show à Londres… Mais quand même. En regardant ces événements nationaux et internationaux, on dirait que tout va bien dans le végétal. Et pourtant… En écoutant aux portes des jardineries ou chez les producteurs, l’inquiétude se fait sentir.

La contradiction est mesurable. D’un côté, le grand public aime le jardin, la nature et les plantes. De l’autre, les professionnels ont besoin de quantités minimales pour faire vivre les exploitations, et il semble que les équilibres ne soient pas respectés.

Oui, le jardin a du succès, on aime le partager, en parler, vivre au milieu des plantes… mais il ne fait pas partie des priorités. Les vacances, la téléphonie, l’alimentaire… Il y a bien d’autres dépenses programmées avant d’arriver au jardin.

Le jardin c’est la nature, la nature c’est gratuit, alors pourquoi payer ?

Certes, c’est un raccourci excessif, mais pour certain, pas question de banquer pour un plant de tomate alors qu’il suffit de récupérer les graines. Pas question d’acheter un arbre alors qu’on peut faire des boutures…

Banalisation

Si ce constat se fait essentiellement sur les réseaux sociaux à grands renforts de commentaires plus ou moins judicieux, on pourrait se dire que chez les pros, il y a plus de retenues ?

Pas forcément… Les propos de quelques distributeurs au moment de négocier les prix avec les producteurs sont un peu de ce type.

A ce rythme-là, et chacun cherchant à équilibrer ses budgets, il y a fort à parier que nombre de producteurs vont ouvrir une boutique ou un site internet pour vendre en direct, sans passer par les « obligations » de la distribution.

Il y a un prix à payer pour avoir accès en direct aux jardiniers amateurs et leur proposer leur production. Soit, on passe par des spécialistes de la vente en leur laissant une partie de la marge. Soit, on ouvre une boutique ou un site en investissant massivement dans cette nouvelle activité.

Le plus économique semblait être la première solution. Mais avec une saison pluvieuse et tendue comme celle que nous venons de vivre, la tendance pourrait s’inverser !

A suivre…

Roland Motte… Jardinier !

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