Le bambou … Rêve exotique ou cauchemar souterrain ?

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Le bambou… Beau, zen, graphique, rapide à pousser, il a tout pour plaire… en apparence. Mais sous terre, c’est une autre histoire. Certaines espèces de bambous peuvent devenir de vrais tyrans végétaux. Alors, faut-il bannir le bambou du jardin ? Pas forcément. Mais mieux vaut le connaître pour éviter les mauvaises surprises. Petit tour d’horizon sans tabou, avec quelques bons conseils de nos amis britanniques de Price Your Job.

Le grand retour du bambou dans nos jardins 🤩

Il est de plus en plus présent dans les catalogues, les jardineries et les jardins. Le bambou séduit ! Il pousse vite, offre une belle verticalité, donne un air de jungle urbaine, tout en masquant efficacement un vis-à-vis. Et avec le dérèglement climatique, il passe l’hiver sans broncher dans une bonne partie de la France. Bref, sur le papier, c’est la plante parfaite. C’est d’ailleurs ce qui fait son succès. Selon plusieurs producteurs, la demande est en hausse depuis une dizaine d’années, notamment pour les variétés non traçantes. Mais derrière son allure de plante miracle, le bambou peut cacher quelques défauts… Sournois le bougre !

Rhizomes en cavale 🥴

C’est là que les ennuis commencent. Certaines variétés, appelées « bambous traçants » ou « running bamboos » pour les anglophones, possèdent des rhizomes capables de courir sur plusieurs mètres sous la surface du sol. Et quand ils trouvent un peu d’espace, ils repartent à l’assaut. Rien ne leur fait peur, potager, massifs, pelouses… Et même la pelouse du voisin. Harry Bodell, paysagiste britannique et auteur d’un article remarqué pour PriceYourJob.co.uk  compare cette capacité à celle d’un envahisseur. Le bambou peut fissurer un muret, soulever une terrasse, ou même s’infiltrer dans les fondations d’une maison. Et comme il pousse vite – parfois plusieurs centimètres par jour – il devient souvent incontrôlable si on ne l’a pas anticipé.

Un impact écologique sous-estimé

Au-delà de la maison, c’est aussi le reste du jardin qui trinque. Le bambou, quand il s’installe, fait de l’ombre aux autres plantes, aspire l’eau du sol, monopolise les nutriments et laisse peu de place à la biodiversité. Fleurs, petits arbustes ou couvre-sols font la guele, laissant place à un rideau vert impénétrable. En zone de pente ou de remblai, l’effet de monoculture peut fragiliser les sols, accentuer l’érosion, et modifier l’équilibre naturel du terrain. Pourtant, tout cela n’est pas une fatalité. Les bambous « cespiteux » ou « non traçants », comme Fargesia murielae, sont bien plus sages et adaptés à un usage ornemental. Encore faut-il les choisir, les planter et les contenir correctement…

Contenir, surveiller… ou arracher ?

La gestion du bambou, c’est comme un contrat d’assurance : mieux vaut y penser avant. Si vous installez un bambou traçant, il vous faut impérativement une barrière anti-rhizome (tôle, géotextile renforcé ou plastique dur) enterrée sur au moins 70 cm, avec un débordement hors sol de 5 à 10 cm. Sans cela, les rhizomes feront leur vie sans vous demander votre avis. Vous pouvez aussi creuser une tranchée et couper régulièrement les rhizomes en fuite, mais ca, c’est galère ! Si le bambou est déjà hors de contrôle, la seule solution reste souvent l’arrachage complet. Armez-vous de patience, cela peut prendre plusieurs saisons, et couter un peu d’argent en faisant appel à un paysagiste. Et surtout, ne jetez jamais les morceaux de rhizomes au compost, sous peine de relancer l’invasion ailleurs. Mieux vaut les faire évacuer via la déchetterie verte. C’est pénible, mais indispensable.

Le bambou est-il considéré comme une plante invasive ?

Il est vrai que le bambou peut se montrer traçant, destructeur, et provoquer des tensions entre voisins. Pourtant, il n’apparaît ni dans les arrêtés officiels français ni sur les listes européennes réglementées comme invasive – à la différence d’espèces bien plus menaçantes.

– Reynoutria japonica (renouée du Japon), problématique le long des cours d’eau, capable de fissurer les fondations et de bloquer les successions végétales

– Myriophyllum aquaticum (myriophylle du Brésil), aquatique, classée parmi les espèces préoccupantes au niveau européen depuis 2016.
– Arundo donax (canne de Provence), souvent confondue avec du bambou, figure dans la liste mondiale des 100 espèces les plus nuisibles selon l’UICN.

Pourquoi le bambou (Phyllostachys…) échappe à la classification ?

  • Ilne colonise pas spontanément les milieux naturels en dehors de la culture. C’est une plante introduite par l’homme, sans dissémination naturelle hors des jardins.
  • Les variétés commerciales sonttrès peu fertiles, ne produisent pas de graines viables dans nos climats, et ne se propagent donc pas seules.

Bref, pas de panique ! Le bambou, ce n’est pas le diable. Mais c’est une plante qui mérite un minimum de discipline. Un jardinier averti en vaut deux. Et puis, s’il est en pot, vous aurez la main mise sur la bête ! Alors continuez à pla,ter des bambous… Avec attention !

Roland Motte… Jardinier !

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